A.A.E.C.C. : Historique du Collège, de notre Association et Statuts ...
Liste des anciens élèves, Liste des anciens élèves décédés
(avec notice)
(Association créée en 1897)
En développement
Merci de transmettre à Jean-Louis MALDANT vos corrections, mises à jour ou observations.
Cette rubrique sera faite après compilation des archives de l'Association, des documents en ma possession et de ceux que vous voudrez bien me communiquer ...
================ Vous trouverez sur cette page l'historique du Collège et de l'Association qui s'enrichit au fur et à mesure du dépouillement d'archives et de leur mise en forme.=====================
Histoire du Collège rédigée par M. Abel BOISSELIER jusqu'à sa mort en 1949, puis par M. Eugène LIBELLE.
Vous pouvez vous procurer ce fascicule auprès du Secrétariat pour 5 €.
Noms inscrits :
1914-1918 :
ARLOING Louis, BARDIAUX Fernand, BARGE Victor, BILLET Emile, BLETTERY Marcel, BORNET Georges, BROUSSE Pierre, COURSOL Antoine, CREST Eugène, DEMONNET Adrien,
DOUMAUX Paul, FERRACCI Charles, GENESTE Alphonse, GRANIER Raoul, GUERY Paul-Octave, JANLIN Georges, JANLIN Robert, LAMBERT Paul, LAFARGE Antoine,
LATHENE Emile, MACHEBOEUF Auguste, MAIRE Léon, MALARIN Henri, MARTIN Emile, MORAND Etienne, MUYARD Yves, NOYEL Gilbert, OBSTENTIA Gaston, PICHAUD Emile,
REUILLE Elie, RICHAUD Emile, RISSE François, SABOT Léopold, SEVE Antonin, THUAIRE Marcel, VEXENAL Eugène, WALTER Théophile
1939-1945 :
BERNADEAU René, BERGERAT Guy, BARDET Pierre, BERTHOMIER Pierre, CAZENAVE René, CHAMPEAU Paul, COLLAS Jules, DASSOT Albert, BONVIN Paul, BONVIN Robert, DUBREUIL Marcel,
DUPUIS Pierre, FAGURE René, LAFAURE Jean, LAFAYE Marie (Mme MENUT), LEONARD Jean, LAURENT Jacques, MARSEILLE Jean, NODE Robert, PORNIN Raymond, SIDET André
L'Association a fait inscrire (en 2009) les anciens élèves morts pour la France sur d'autres théâtres d'opérations ...
Guerre d'Algérie : OLLERIS Philippe, JEANCLOS Gérard
et en 2011 DEBESSON Michel
Si vous connaissez d'autres anciens morts pour la France (en AFN, Indochine, etc. ) nous le signaler.
(Pour agrandir les photos, cliquer dessus, puis fermer la nouvelle fenêtre ouverte pour revenir sur cette page)
Notre Association est à l'honneur du journal La Montagne (23 décembre 2011)
La Cloche du Collège | M. Abel BOISSELIER |
Historique du Collège et des locaux
CUSSET, autrefois Cuci, Cucy, Cussy, Cussi, Cussetum, Cussoy, Cuciacum vient d'un mot celte 'cusey ou cuzey' qui signifie 'lieu caché'.
Autre origine possible : un gallo romain, nommé CUSSIUS, avait installé sur le site une 'villa', qui a subsisté pendant des siècles, avec ses dépendances et ses gens ...
Un autre événement important : l'Evêque de Nevers, après s'être fait céder le territoire appartenant aux moines de St.-Martin-près-Nevers décide d'y fonder
une Abbaye de religieuse bénédictines (an 886, ratifié par Charles le Gros le 16 août). Pendant 10 siècles CUSSET est alors devenu le centre culturel, religieux,
militaire, stratégique, commercial, important que l'on connaît.
XIIIe siècle (Siècle des Croisades, Saint-Louis (1214-1270), Philippe Auguste, Philippe le Bel, ...) :
Les chanoines ouvrent des écoles et un collège dans les dépendances de la collégiale. Ils préparaient des élèves à la claricature. Peut-être par lassitude ou parce que
l'enseignement les éloignait des fonctions sacerdotales, ils abandonnèrent la direction du Collège à des maîtres uniquement occupés à cet emploi, tout en
conservant le choix des professeurs en contrepartie de la mise à disposition des locaux. La rétribution des élèves était de cinq sols par élèves (jusqu'en 1789 !).
1495 (Règne de Charles VIII, en 1492 découverte de l'Amérique, ...) :
Le Collège devient indépendant des chanoines : des dons de citoyens généreux assurent son existence et les habitants peuvent nommer les maîtres. Un nouveau local est acheté.
1630 (Régence de Marie de Médicis, Richelieu, Journée des dupes, ...) :
Création d'un collège. En 1678 : de nouveaux maîtres sont engagé : en plus du maître-écrivain jusqu'alors chargé également de l'arithmétique, un professeur
est spécialement engagé par la commune pour cette matière.
1706 (Louis XIV toujours sur le trône, ...) :
En 1705, M. GUERIN DE CHAMPAGNAT, fait un testament en faveur de l'Hôpital et six cents livres de rente "pour l'instruction et honnête subsistance de six
écoliers au collège de Clermont"; en 1706 l'interprétation du testament par les héritiers Guérin et les administrateurs de l'hospice concluent pour
l'affectation des 600 livres au collège de Cusset (pour un plus grand nombre d'élèves) et le droit de nommer les maîtres. La pérennité et la prospérité du
collège sont assurées. Avec ce legs et plus de 800 livres, le Collège fut agrandit, dès 1706, et la décision d'embaucher de nouveaux maîtres (laïques).
Malheureusement en 1720, la faillite du système du banquier LAW, ruina les espérances avec les dotations. Le Collège faillit disparaître sans
l'intervention financière de la Municipalité et des habitants à qui tenait à cœur l'instruction de sa jeunesse.
En 1751, les responsables municipaux et parents qui ont toujours suivi de près les progrès de leurs enfants constatent un ralentissement des progrès des élèves
: "L'Assemblée générale des habitants dans sa séance du 20 juin 1751, après avoir considéré qu'il est notoire que le sieur Meunier, recteur du Collège est
sans application pour l'éducation des enfants qu'il doit enseigner, .... délibère qu'il est de l'intérêt général de se pourvoir d'un autre maître capable ..."
1793 (La Révolution, .... Très agitée à Cusset, avec des révolutionnaires très actifs ..) :
Suspension des rentes au profit des établissements communaux.
14 mars 1793 un arrêté expulsait le Principal, M. Antoine-Mary DEHAY, qui était parti pour la Vendée, suivi du professeur de grammaire. Le Collège fut sauvé par
Jean-Baptiste DURAND, venu s'établir à Cusset en 1789 en qualité d'expert écrivain, puis Maître d'écriture, remarqué pour ses talents, qui propose à la
Municipalité le 19 mai 1793 de diriger le Collège à ses risques et périls. Il fit très rapidement ses preuves, le jeunes gens confiés au citoyen Durand des
progrès rapides : l'Autorité lui permit d'occuper les locaux, augmenta sont indemnité et récompense le 27 octobre pour réparer les bâtiments.
1802 (Bonaparte n'est pas encore Empereur, mais sa mère s'intéresse à la vie locale, aux parcs de Vichy, etc. ...) :
Le collège devient école secondaire ; Laetitia Bonaparte le fait transférer dans le local des Capucins (angle du boulevard Jean Lafaure / rue Notre Dame des Près).
1815 (Chute de Napoléon, Retour des Bourbons avec Louis XVIII, ....) :
Disparition du Collège (Institution privée de M. Durand, Principal) ; ouverture d'une autre école secondaire ; Fondation du pensionnat Saint-Pierre.
Ecole primaire communale.
1831 (La révolution de 1830 a chassé Charles X, Création de la Belgique, ...) :
M. ARLOING, Maire de Cusset, demande le rétablissement du Collège.
1835 (Louis Philippe, roi des Français, ...) :
Confirmation du rétablissement du Collège par le Conseil Royal de l'Instruction Publique le 1er novembre 1835. Des difficultés d'installation et d'administration retardent l'ouverture.
Le Collège fonctionne dès 1842 mais l'inauguration officielle aura lieu le 1er juillet 1843.
14 mai 1843 : Ouverture du Collège dans les bâtiments reconstruits de l'ancienne Abbaye. Sur ordonnance du Roi Louis Philippe,
l'Académie de Clermont établit un Collège à Cusset.
Les travaux furent confiés au départ à M. Rose BEAUVAIS, architecte de l'Etablissement Thermal de Vichy, dans les bâtiments et dépendances de la
commune. Après le procès intenté contre lui pour non respect des règles d'alignement, les travaux du collège seront confiés à l'architecte M. ESMONNOT.
1848 (Chute de Louis Philippe, 2ème République, Suffrage universel, ...) :
Les dettes du Collège sont examinées. La Mairie se voit contrainte de supprimer l'institution et de la transformer en institution privée. Le 12 mai 1848, le Recteur examine la situation du Collège non seulement
d'un point de vue financier mais aussi au regard de la position des fonctionnaires et des règlements en vigueur dans les établissements secondaires.
Il propose de conserver le nom de Collège, les modifications ayant trait à l'organisation, et de l'appeler "Etablissement d'institution communale" et non privée.
Après transmission de la demande de suppression du Collège au Ministre de l'Instruction publique, M. FAYET, Principal du Collège s'engage à respecter les conditions du Traité.
1852 (Après le Coup d'Etat, NAPOLEON III est Empereur, ...) :
4 années ont passé, le 26 octobre 1852, les affaires de la commune se rétablissent, M. FAYET (Principal) peut liquider les dettes, l'institution redevient Collège public à part entière.
Extrait du Procès Verbal de la délibération du Bureau d'administration du Collège de Cusset du 27 juin 1851 qui préfigure la délibération du 26 octobre 1852 rétablissant un Collège à la place de l'Institution
libre étable le 11 avril 1848 :
"La séance étant ouverte, M. le Principal a déposé sur le bureau ....
1° Le projet du budget du Collège pour l'année 1852,
2° Une lettre de M. le Recteur en date du 17 de ce mois contenant des observations relatives à ce budget.
Mais, avant d'ouvrir la discussion sur le projet de budget, un des membres a fait observer que le bureau d'administration du Collège avait cessé d'exister
légalement dès le moment où l'établissement avait perdu sa qualité du Collège communal, qu'il ne lui était plus dès lors permis de délibérer sur l'Administration d'une institution qui avait pris un caractère privé.
Sur cette objection contestée par le Recteur, mais qui néanmoins ne manque pas d'une certain gravité, le bureau a pensé que la qualité du Collège Communal
n'ayant pas été retirée par l'autorité supérieure, il ne lui était pas démontré que l'établissement eut été transformé en Institution privée. Toutefois, sans
persister dans une compétence contestée, comme il n'est question en cette circonstance, que d'éclairer le Conseil municipal sur les intérêts de
l'enseignement des pères de famille et de la ville entière, le bureau croit devoir soumettre, et appuyer auprès de lui les observations suivantes de M. le Recteur.
Le Collège communal de Cusset a été établi par une ordonnance en date du 14 mai 1843, sur la demande présentée par le Conseil municipal le 9 février 1843, il
l'a été sans l'obligation de mettre à la disposition de cet établissement des bâtiments bâtis par la Ville, et de subvenir aux traitements des agents. Or,
depuis, comme avant 1848, l'Université n'a jamais exigé dans la ville de CUSSET que jusqu'à concurrence des engagements pris par la Commune elle-même et consacrés par l'ordonnance du 14 mai 1843.
La rupture d'une des clauses du contrat par une des parties sans l'assentiment de l'autre, n'ôte pas sa force à l'engagement.
En droit, il n'y a plus depuis 1848 un Collège communal tel qu'on l'a voulu et tel que voudraient le voir encore un grand nombre de familles de la ville et des
environs. Si le fait accompli depuis 3 ans, en conséquence duquel une institution d'un caractère mixte s'est substituée au Collège normal, n'a pas eu
pour résultat immédiat la ruine de l'établissement, cela tient à deux causes : au dévouement personnel de l'homme qui a courageusement fait face aux
difficultés, et à la faveur maintenue par les habitants de CUSSET à leur Collège malgré les circonstances qui le réunissait pour l'empêcher de vivre. Il a vécu
pourtant, dans une situation fort modeste, il est vrai, mais dans les éléments de viabilité qui laissent l'espérance pour une amélioration future une fois que
son existence cessera d'être mise en question. Si l'état de gêne dans lequel sont les finances de la ville est un sérieux obstacle, il faut considérer que
les dépenses faites dans l'intérêt des collèges sont d'une utilité tellement générale que la Loi organique du 15 mars 1850 les range dans la classe des dépenses obligatoires.
D'ailleurs, le Conseil Municipal ne pourrait-il pas du moins accorder les deux tiers seulement de la subvention sous le double bénéfice qu'à raison des
circonstances, il ne serait par le vote engagé que pour un an, et que M. Le Ministre de l'Instruction Publique serait prié de consentir à cette réduction
fortuitement obligée dans le chiffre des traitements.
Relativement à la pensée émise de traiter avec un chef d'établissement privé, et de lui céder la puissance des bâtiments, il est bon que le Conseil Municipal
soit informé que c'est là une question, qu'il ne peut, aux termes de la Loi du 15 mars 1850 et des instructions ministérielles du 12 janvier 1851 décider tout
seul, mais seulement après avis du Conseil Académique d'abord et du Ministre en conseil supérieur de l'Instruction Publique, et il n'est pas faute de préjuger
qu'elle sera la décisions de l'autorité supérieure en la matière.
Si malgré ces justes observations, le Conseil Municipal croyait devoir persister dans un refus d'allocation, il importe qu'il soit prévenu que la difficulté
pourrait être tranchée par le retrait des fonctionnaires que le Ministre a nommé, les sacrifices du dévouement qu'ils ont fait les uns et les autres ayant
déjà trop duré par leur position personnelle et par la dignité du gouvernement lui-même.
Dans un cas comme dans l'autre, il est important que la solution de la question ne se fasse pas attendre. Si le Collège doit être maintenu,
il faut ...."
Par délibération du 26 octobre 1852, la Commune rétablit le Collège qu'elle avait dû céder à une Institution libre, quatre ans plus tôt, le 11 avril 1848.
1887-1892 (Nous sommes sous la IIIème République,...) :
Liste des Principaux
Travaux de réparation de la toiture du Collège et autres (Plans de l'architecte du gouvernement, M. Charles Le Cœur en 1881).
A partir de 1901 : Modernisation du Collège.
1926 (Entre les 2 Guerres ....) :
Délibération du 11 septembre 1926 (en séance extraordinaire) concernant le 'coéducation' (mixité) dans les établissements secondaires.
" ... M. le Président donne lecture à l'Assemblée de la lettre suivante, adressée par M. l'Inspecteur d'Académie à M. le Principal du Collège de Cusset :
"Pour répondre au vœu qui m'a été exprimé par diverses associations et municipalités, et sur avis conforme de la section permanente du Conseil
Supérieur de l'Instruction Publique, j'ai décidé que les jeunes filles pourront, dans les conditions et sous les réserves que j'exposerai ci-dessous, être
admises dans toutes les classes des Collèges de Garçons ...."
Le Conseil Municipal, après avoir délibéré, renouvelle sa demande du 28 février 1926, par laquelle il priait le Recteur d'Académie et M. le Ministre de
l'Instruction Publique de vouloir bien autoriser l'admission des jeunes filles dans toutes les classes du Collège de Cusset, étant donné que la ville se trouve
dans l'incapacité absolue de créer des cours secondaires, qu'elle fait des sacrifices assez grands pour maintenir son Collège, et que la population ne comprendrait pas que l'autorisation soir refusée.
Il fait remarquer que si le Collège compte un peu plus de 150 élèves, les élèves de Cusset proprement dit, n'atteignent pas le chiffre de 150, et qu'en outre,
l'autorisation demandée ne s'appliquerait qu'aux jeunes filles de Cusset ....
Depuis 1929 : Importants travaux effectués par la Ville pour le Collège.
1935 (3ème République instabilité des gouvernements entre les 2 guerres !! des dizaines de Ministre ou Secrétaires d'état ; c'est Marius ROUSTAN qui signe cette instruction) :
Instructions ministérielles du 9 octobre 1935 permettant d'ouvrir le Collège à la population locale non seulement
masculine mais féminine pour tous les degrés de l'enseignement secondaire classique et moderne (externat pour les jeunes filles).
1942 (Seconde Guerre mondiale, le gouvernement s'est installé à Vichy ...) :
Le Gouvernement de Pétain ferme le Collège et crée un Lycée provisoire à Vichy qui fut conservé et transformé en Lycée de Filles (ancien Hôtel des Célestins).
1943-1944 (La Guerre ...) :
Les Allemands occupent une partie des locaux du Collège.
1946 (Le retour à la 'normale', ....) :
Importants travaux réalisés dans le Collège après l'occupation : une délibération du 24 mai 1946
approuve le projet de reconstruction des bâtiments publics endommagés par faits de guerre ainsi que le choix de l'architecte : M. LEFORT.
Demande de rétablissement du Collège mixte accordée par la Ministère le 28 septembre 1946 par télégraphie au Recteur d'Académie de Clermont : "COLLEGE
CUSSET AUTORISATION ACCORDEE D'ADMETTRE JEUNES FILLES DE LA LOCALITE AU COLLEGE DE GARCONS". Une note du 7 novembre 1946 du Ministère accorde l'autorisation
de recevoir des jeunes filles et reconnaît la nécessité de doter d'un 1er cycle Cusset et Vichy. Vichy reste limité au 1er cycle alors que Cusset assure aussi le second cycle.
1954 : Nouveaux travaux importants portant la création des 3 salles dont la salle de gymnastique et le revêtement de la cour.
1973 : Fermeture du 'vieux' Collège à l'enseignement général ; puis sous le nom d'Abel BOISSELIER, il devient un Collège technique qui, à son tour, quitte les lieux en 1999.
2000 : Le Collège quitte les locaux de l'Ancienne Abbaye.
Inauguration du Lycée Valéry Larbaud à Puy Besseau.
1842 L'Abbé BARDIOT
1843 MAURY-BONNELLE
1844 FAGET
1852 BRUNET
1855 BENOIT
1862 BOISARD
1867 CELLIER
1872 MAITRE
1876 COURBOULES
1884 LEONARDI
1890 RETAIL
1905 COLOMBAIN
1905 GRANIER
1914 GASTON
1918 BOSMORIN
1919 COLIN
1925 BOISSELIER
1948 FERRIER
1959 MELOU
Liste des Surveillants Généraux
(poste fondé en 1917)
1917 LIBELLE
1946 CHARLY
1952 LE MESLE
1959 LECUYER
Historique de l'Association : Association des Anciens Elèves du Collège de Cusset (AAECC)
Anciens Élèves du Collège de Cusset
STATUTS DE L'ASSOCIATION
ARTICLE PREMIER.
Une Société, dont le siège est à la Mairie de Cusset, est formée entre les anciens élèves du Collège de Cusset
qui adhéreront aux présents Statuts.
Cette Société a pour but :
1° De continuer les relations amicales commencées sur les bancs du Collège ; d’aider
les Sociétaires dans la recherche d’un emploi et de venir, dans la mesure de ses ressources, discrètement en aide aux camarades malheureux ;
2° De patronner de jeunes élèves dignes d’intérêt, par leur travail, leurs succès et
leur situation de famille, soit en les encourageant déjà sur les bancs de l’école, soit
en
leur facilitant les moyens de continuer leurs études, ou d’obtenir des emplois dans les carrières pour lesquelles ils montrent le plus d’aptitude.
ARTICLE 2.
Pour devenir membre titulaire de l’Association, il faut être admis par le Comité et verser une cotisation annuelle de 6 francs. Pour devenir membre perpétuel, il faut verser une somme de 60 francs ; les noms des sociétaires qui ont racheté leurs cotisations, en versant 60 francs, restent perpétuellement inscrits sur les Annuaires de la Société.
L’Association reçoit, — en outre, — tous les dons manuels.
……....................................................................................................……................……................……................……..
.ARTICLE 15.
Toute discussion politique ou religieuse est expressément interdite.
(Début du document – 1899, c.-à-d. avant la « Loi 1901 » sur les Associations - Ces statuts, qui à l’origine ne comportaient que 15 articles, par la suite, ont été plusieurs fois modifiés et complétés).
Historique du Collège - Le Collège de CUSSET à travers les âges
(l'orthographe et la typographie de l'époque ont été respectées)
Expulsion d’un principal au Collège de Cusset
En 1678
Aujourd’huy samedy troisiesme septembre mil six cent soixante-dix-huict, heure de six du soir, par devant nous Jean de Lachaise,
conseiller du roy 1ieutenant particulier au bailliage du Cusset, est comparu Edouard Malheu, maistre escrivain, qui nous a exposé avoir esté receu pour
maistre d’escolle de cette ville, par deslibération du xxiiij avril dernier à venir et prendre possession du collège le premier de ce mois, et, s’estant
presenté pour mettre ses meubles et hardes dans ledit collège, il y a esté empesché par Me Claude Ponthenier, prebstre, directeur de l’hostel
dudit collège, ce qui luy donne lieu de nous en faire plainte et de le faire mettre et jouir dudit collège, au terme dudit desliberatoire, à quoy adhérant,
nous nous sommes transportés avec messire Joseph
Gardin conseiller et advocat du roy, Jacques Rougane, premier consul et George Chômât, nostre huissier, audit collège, où avons trouvé ledit sieur
Ponthenier, qui a dit qu’à la réquisition des habitans dudit Cusset, l'année 1645, il auroit esté sollicité de s’en venir de Busset occuper ledit collège, et
après plusieurs réquisition tant de la part des prebstres du chapitre, il y seroit venu l’année 1646 ; que, cinq ou six ans après, le dit collège seroit
tombé, les poultres estans pourries, ce qui l’auroit obligé d’en sortir pendant quelques années, et que les habitans voyant ledit collège sans maistre auraient
encores requis ledit sieur Ponthenier d’y revenir, luy promettant de le faire réparer à leurs frais et dépens, à quoy il consenty, maistre Michel Granet
estant premier consul, soubs l’offre que luy faisoient lesdits habitans, et que ledit Ponthenier estant de retour dans ledit collège fust contrainct de le faire
réparer à ses frais et despens, comme il faira voir par les quittances qu’il en a retiré, et voyant qu’il n’a point esté remboursé de ses frais,
dit qu’il
ne peut pas sortir qu’au préalable l’on ne luy donne suffisante caultion, pour
lesdictes réparations, ou que l'on
ne les luy remboursent, outre quoi il a faict fond sur la bonne foy des habitans et n’a voulu chercher autre béneffice, croyant que l’on
ne le despossederait que volontairement ;
ledit sieur advocat du Roy, pour et au nom du public, a dit que mal à propos le dit sieur Ponthenier prétend refuser et différer à rendre ledit
collège, puisque la bonne foy des habitans et leur bon procéddé paroist visiblement par l’acte desliberatoire dudit jour xxiiij avril dernier, auquel
ledit Ponthenier fust appellé, pour dire ses raisons et que, de son propre consentement, il luy fust accordé le temps du premier de ce mois depuis lequel
il n’a put prétendre cause d’ignorence de la venue dudit Malheu, lequel estant avec sa famille sur le pavé, doibt estre incessamment mis en possession dudit
collège, sauf audit sieur Ponthenier à diriger ses prétentions en temps et lieu s’il y eschet. Ledit sieur Rougane, consul, a employé pour le corps de la ville
ce qui a esté dit par ledit sieur Gardin. Il a esté maintenu par ledit sieur Ponthenier ce qu’il a dit de parolle verballe en ladicte assemblée à savoir que
les habitans luy auraient promis de ne le poinct molester de la sortie dudit collège que les vendanges ne fussent faictes et qu’il n’eust faict bastir le
logis où il prétend demeurer, ce qu’il n’a peu faire à cause de la malladie de ses ouvriers, ainsy demande que ledict Malheu prendra chambre dans la ville ; de nouveau il a
esté par lesdiz sieurs advocat du roy et consul soustenu les décisions dudict deslibératoire et desnié ce qui a esté advancé par ledit Ponthenier,
sur quoy,
nous avons donné acte aux parties des dires, remontrances et réquisitions,
ordonné que conformément audict deslibératoire ledit Malheu sera installé et mis en possession dudit collège du consentement dudit sieur Ponthenier et, en
conséquence de ce, avons faict entrer les meubles dudict Malheu dans ledict collège et icelluy mis en possession dudict collège, et enjoinct audict sieur
Ponthenier de vuider incessamment, faulte de ce que ses meubles seront mis sur le carreau dans trois jours pour toutes preffixions et deslais, deffenses à luy
faites de desteriorer sauf à luy estre pourveu pour de prétendus réparations ainsy qu’il appartiendra, à peine cinq cent livres
d’amende que nous lui avons déclaré encourir en cas de contravention, et sera la présente sentence exécutée par provision nonobstant
opposition ou appellation quelconques, et sans préjudice d’icelle, avons signé avec lesdiz advocat du roy, consul, Malheu et ledict sieur Ponthenier et le secrétaire de ladicte ville.
Signé :
Lachaise, Gardin, Ponthenier, ROUGANE, Malheu, ChomAt, Delachaise.
Et sur le champ avons faict l’état dudict collège estant dans la chambre où couche ledict Ponthenier. Elle s’est trouvé avec un plancher en bon estât, et estant dessendu,
aurions trouvé la chambre basse qui regarde sur la place, fermée d’un cadenat, duquel ayant demandé la clef se seroit présenté un jeune homme vestu de noir, a
nous incognu, escolier dudict Ponthenier, lequel nous auroit dit que l’on n’ouvrirait point ladicte porte ; ce que voyant, nous luy aurions enjoinct de se
taire, et que sa jeunesse nous obligeoit à ne point prendre garde à ce qu’il disoit, et nous estant adressé à Marie Ponthenier, niepce dudict Ponthenier,
nous lui aurions dit de nous représenter la clef du dict cadenat, laquelle nous auroit répondu qu’elle ne pouvoit ouvrir ledict cadenat sans le consentement
dudict sieur Ponthenier, son oncle ; ce que voyant, nous aurions mandé ledict Ponthenier pour faire ouvrir ladicte chambre, sur quoy encores se seroit
présenté ledict jeune homme vestu de noir, lequel nous auroit encores dit que nous n’entendions pas ce que nous faisions ; nous luy aurions d’abondant dit de
se taire, autrement nous le menacions de luy dire que nous estions dans ledict collège pour l’installation dudict Malheu, à quoy il n’avoit voulu obéir, ce qui
nous auroit obligé de lui dire que s’yl ne ne nous parloit avec un peu plus de considération, nous serions obligé de nous servir de nostre authorité, à quoy il
nous auroit encores réparty qu’il se moquoit de nous et qu’il ne despendoit de personne, et qu’il appartenoit à des gens qu’ils sauraient bien s’en ressantir,
de quoy nous en avons dressé le présent verbal en sa presence, et pour l’irréverence commis envers nous, l’avons condamné en trois livres d’amende, avec deffenses de
se récidiver, sur plus grande peine, et nous sommes retiré, apprès avoir fait entrer les meubles dudict Malheu dans ladicte chambre basse ouverte par ladicte
Marie Ponthenier, et avons signé ledit verbal en presence desdiz advocat du roy, consul, Baudesson, Chomat, huissiers et le secrétaire de ladicte ville ; ledict
jeune homme n’a voulu signer de ce interpellé.
Signé :
LACHAISE, SOGRALLOT, GARDIN, ROUGANE, MITAU, MALHEU, BAUDESSON, CHOMAT, DELACHAISE.
Aujourd’huy, samedy dixiesme septembre mil six soixante dix-huict, heure de trois de relevée, par devant nous Jean Delachaise,
conseiller du roy, lieutenant particulier au bailliage de Cusset, est comparu notre hostel Edouard Malheu, maistre escrivain et recteur du collège dudict
Cusset, qui nous a exposé que par nostre jugement du troisième de ce mois, nous aurions ordonné que dans trois jours pour toutes préffictions et deslais, Me
Claude Ponthenier, prebstre, cy-devant recteur dudict collège, vuidera icelluy, sortiroit ses meubles, faulte de ce qu’il seroient mis sur le carreau, à quoi
ledict sieur Ponthenier ne tient compte d‘y sattisfaire, sestant escoullé non seullement lesdiz trois jours, mais encores huit, ce qui faict qu’il n’a poinct
de logement pour se loger et serrer ses meubles, n'ayant que l’usage d’une petite chambre dans ledict collége, ce qui l’oblige de nous en donner sa plainte, afin qu'il nous plust de
faire exécuter nostre dit jugement, à. quoi adhérent, nous nous sommes transporté avec Mes Jean, Josephe et Gilbert Gardin, conseiller,
advocat et procureur du roy, Jacques Rougane, premier consul dudit Cusset, Jean Dubout et Georges Chomat, sergens dudit bailliage dans ledit collège, où estant
nous aurions demandé ledit sieur Ponthenier, lequel après avoir esté mandé en ville où il estait, seroit venu, et nous luy aurions dit que nous estions
surpris du peu de dilligence qu'il mettoit à vuider ledit collège et que nous venions ici exprès, veu sa désobéissance, et son reffus, pour faire sortir
sesdiz meubles dudit collège, et luy enjoindre aussy de vuider, à quoy il nous auroy respondu qu’il ne pouvoit vuider ledit collège et qu’il ne croyoit pas
qu’aucuns osa l’en expulser, mesme se moquant de nous nous offroit la ceinture de sa soutanne, nous disant que nous n’oserions la toucher pour l’en expulser
dudit collège ; ce que voyant, nous aurions enjoinct auxdiz Dubout et Chomat, nos sergents, de sortir les meubles dudit Ponthenier hors dudit collège, ce
qu’ils ont faict en notre présence dans deux chambres basses, dans l’une desquelles ledit Malheu y a fait mettre les siens ; après quoy, nous sommes
retirés et avons signé avec lesdiz Gardin, Rougane, Dubout et Chomat, et le secrétaire de ladite ville, ledit Ponthenier n’a voulu signer de ce interpellé ;
et luy avons enjoinct d’abondant de vuider toutes les autres chambres dudit collège incessamment, aultrement seront ses meubles mis sur le carreau à ses
frais, et a ledit sieur Ponthenier faict enlever sesdiz meubles, sortir dudit collège par lesdiz Dubout et Chomat, et iceux faict transporter dans une maison
à luy appartenant en ladite ville.
Signé :
LaChaise, Dubois, Gardin, Dubout, Malheu, Rougane, ChOmAt, Chaude.
Le Collège de Cusset de 1678 à 1815
L’année dernière, Les Annales de l’Association des Anciens Elèves du Collège de Cusset, publiaient sur le Collège un document , intéressant et amusant à la fois, de l’année 1678 — expulsion manu militari du sieur Ponthenier, prêtre, principal du Collège. A partir de cette époque, le Collège vivota tant bien que mal jusqu’en 1705-1706, moment où le testament de Guérin de Champagnat et la transaction qui le suivit, entre les héritiers et les légataires (les pauvres de Cusset) vinrent lui assurer une existence régulière. Il subit cependant la crise qui suivit l’effondrement du système de Law, disparut en 1720, et ne fut rétabli qu’en 1735.
Un seul document sérieux est resté de la longue période qui va de cette année à 1784. C’est un acte du 4 août 1748, qui indique que, conformément à la transaction citée plus haut, le principal du Collège était nommé par les administrateurs de l’hôpital, sauf approbation de l’assemblée des habitants.
Voici le document en question :
« Sur ce qui a été remontré par le sieur Claude Meunier, maître ès-arts de la Faculté de Paris, recteur des écoles de Pierrefitte, qu’il a plu à MM. les Directeurs de l’hôpital général de cette ville de le choisir pour recteur du Collège, suivant l’acte de direction du 21 juillet dernier ; que, comme cet acte de direction, il a été renvoyé aux habitants de celle ville à l’effet pour eux d’agréer ledit acte, s’il y a lieu ; pour à quoi parvenir, le sieur Meunier aurait présenté sa requête à Monseigneur l’Intendant, en marge de laquelle est son ordonnance dudit jour, 25 juillet, qui permet à la communauté de s’assembler pour en être délibéré.
Sur quoi, la motion mise en délibération, après que lecture a été faite de tout l’acte de direction du 21 juillet dernier, ladite assemblée a agréé le sieur Meunier pour recteur du Collège de cette ville, aux charges, clauses et conditions y portées, et encore à la charge d’instruire gratuitement les enfants de la ville notoirement pauvres, sur les certificats de MM. les échevins de cette ville. Le sieur Meunier jouira de tous les privilèges de ses prédécesseurs. »
Donc, le principal était choisi d’abord par les administrateurs de l’hôpital de Cusset, puis cette nomination était ratifiée par les habitants.
Le sieur Meunier ne fut pas longtemps recteur du Collège, car en 1751, dans sa séance du 20 juin, l’assemblée générale des habitants déclara à la suite de nombreuses plaintes « qu’il est notoire que le sieur Meunier est sans application pour l’éducation des enfants qu’il doit enseigner, ce qui oblige les habitants de faire enseigner leurs enfants par d’autres maîtres et de les transférer dans d’autres collèges, délibère qu’il est, de l’intérêt général de se pourvoir d’un autre recteur capable. »
Meunier fut remplacé, et à partir de ce moment, jusqu’en 1784, les archives manquent. Il est probable que, peu à peu, les administrateurs de l’hôpital empiétèrent sur les droits des habitants, nommèrent seuls les principaux, bien plus, diminuèrent la subvention de 800 livres qu’ils devaient au Collège, « destinés à établir le plus grand nombre de prêtres et régents séculiers ou réguliers, pour enseigner la langue latine jusqu’en humanités. »
Ce n’est qu’en 1784 que le nouveau maire, M. Duriez, qui administra d’une façon remarquable la commune de Cusset pendant fort longtemps, s’aperçut de tous ces empiétements, mais sans pouvoir connaître exactement de quelle époque ils dataient.
Le 29 août 1784, devant l’assemblée des habitants, il exposa les faits suivants :
« A été représenté aux habitants que le droit exclusif de nommer le recteur ou principal appartenait aux habitants de la ville, que cependant les administrateurs de l’hôpital se sont immiscés de nommer le principal de ladite école ; il est intéressant aux habitants de conserver ce droit, puisque personne ne peut mieux qu’eux choisir les maîtres qui conviennent à leurs enfants.
Puis, il a été représenté aux habitants que Guérin de Champagnat, par un testament du 23 mai 1705, passé devant Me Melin, notaire au Châtelet de Paris, a institué les pauvres de l’hôpital de Cusset comme légataires universels à charge pour eux de payer à un prêtre 200 livres pour l’instruction de la jeunesse à la religion catholique et leur apprendre les principes de la langue latine, plus 600 livres pour l’entretien et la subsistance de 6 écoliers étudiant au Collège de Clermont. Mais il y eut un procès entre les héritiers et les légataires, procès qui se termina par la transaction du 4 juin 1706. Par cet acte les héritiers de Guérin de Champagnat consentent à ce que les 200 + 600 livres seront employées à établir un Collège à Cusset et à payer le plus grand nombre de régents séculiers ou réguliers pour l’enseignement du latin jusqu’en humanités.
Que l’hôpital au lieu de donner 800 livres n’en paye plus que 355 aux maîtres qui occupent aujourd’hui le Collège, que malgré les recherches des officiers municipaux, on n’a rien trouvé qui ait dérogé au traité de 1706, qu’il n’y a pas d’autre cause de cette diminution que l’ignorance où la ville a toujours été de ce traité ou la négligence de leurs prédécesseurs ; que, comme la découverte de ce traité est du plus grand intérêt pour les habitants, puisqu’il s’agit de l’éducation des enfants, les officiers municipaux pensent avoir accompli leur devoir en réunissant l’assemblée pour prendre « un parti et demander l’autorisation de poursuivre à Monseigneur l’Intendant de la généralité. »
Le procureur du Roi n’assistant pas à l’assemblée, l’affaire fut renvoyée. Autre réunion quelques jours après, et la requête fut envoyée à l’Intendant. Celui-ci ne donna pas l’autorisation de plaider, mais permit de demander aux administrateurs de l’hôpital le remboursement des sommes. Mutisme des administrateurs de l’hôpital. Nouvelles assemblées en 1785 ; puis en 1786, plaintes amères : « L’hôpital, on ne sait par quelle fatalité, ne payant plus que 355 livres, les habitants ont été obligés d’augmenter la rétribution des écoliers et de la porter pour ceux qui apprennent le latin de 30 sols à trois livres par mois….. Le régent est nommé par les administrateurs de l’hôpital contre le droit des habitants. » etc. etc.
Enfin, après bien des réclamations, des demandes, on obtint des administrateurs de l’hôpital une assemblée générale (14 mai 1787) et ceux-ci furent obligés d’admettre que rien n’avait pu changer la transaction de 1706. Ils décidèrent alors de payer les 800 livres convenues « pour apprendre le latin jusqu’en humanités et plus, si faire se peut » mais ils demandèrent l’application stricte du testament qui n’admettait qu’un prêtre à la direction du Collège : le principal actuel, un sieur Régnier, étant laïque, il fallait le remplacer. Après de longues discussions, ledit Régnier, qui était, du reste, l’objet de nombreuses plaintes à tous les points de vue, envoya sa démission (24 mai) et l’Assemblée municipale décida d’envoyer à l’évêque de Clermont (suit une longue énumération des motifs pour lesquels il faut s’adresser à l’évêque) une députation de trois personnes pour obtenir «un principal, ecclésiastique, « homme d’âge mûr, plein de mœurs et religion. »
L’évêque nomma l’abbé Ardilhon, vicaire de Billy, qui avait « toutes les qualités requises » et qui fut accepté par l’Assemblée des habitants (29 juillet 1787).
Mais à la rentrée, il donna sa démission et fut remplacé le 10 octobre 1787 par Paul Durand, prêtre du diocèse d’Autun.
Lorsque l’Assemblée nationale décida que tous les prêtres devaient prêter serment d’être fidèles « à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout leur pouvoir la constitution décrétée par l’Assemblée nationale et par le roi », Durand, qui, cependant, le 14 juillet 1790 avait allumé, entouré de ses professeurs et de ses élèves, le feu de joie en l’honneur de la fête de la Fédération, refusa de prêter ce serment, sous prétexte que le décret ne s’appliquait pas à lui, principal de collège. M. Duriez réunit le corps municipal le 21 janvier 1791 et on décida immédiatement de notifier « audit Durand qu’il n’ait plus à s’immiscer dans les fonctions de principal du Collège. » Puis M. Duriez et les membres du Conseil se rendirent immédiatement au Collège, notifièrent cet arrêté à Durand, en lui accordant huit jours pour enlever ses effets du Collège et confièrent provisoirement la direction de l’établissement aux « sieurs Dehay et Dupoux, secondaires, pour que l’instruction des enfants ne puisse en souffrir. » Tous les élèves étant réunis dans la cour, ils leur ordonnèrent de ne plus reconnaître que l’autorité de MM. Dehay et Dupoux.
Durand protesta, s’adressa au Conseil du district et même au Conseil du département, toujours sous prétexte que le décret ne s’appliquait pas à lui, mais sa pétition ne fut pas admise.
Le corps municipal, dans une réunion du 11 février 1791, nomma alors définitivement principal M. Dehay, « dont les talents et mœurs lui sont particulièrement connus. »
En même temps, il passait une convention avec un autre Durand, maître écrivain, venu d’Aigueperse s’établir à Cusset, pour enseigner l'écriture, la lecture et l’arithemétique
(sic). M. Dehay resta principal jusqu’en 1793, où un arrêté l’expulsa.M. Jean-Baptiste Durand, l’expert, écrivain dont j’ai parlé plus haut, qui était venu au Collège en1790, — M. Pierre Durand étant principal, — demanda alors à diriger le Collège à ses risques et périls. Une délibération de la Municipalité du 19 mai 1793 lui accorda cette autorisation. Lorsque la Convention ordonna la vente des biens de l’abbaye (20 janvier 1794), il acheta les bâtiments du Collège pour la somme de 7,400 livres fonda une institution privée qui devint bientôt florissante. Successivement, en l’an V, en l’an XI, en l’an XII, des décrets déclarèrent cette institution école secondaire.
La protection de Mme Laetitia, mère de Napoléon, « l’auguste mère de notre immortel empereur », comme l’appelle dans les palmarès de l’époque M. Durand, apporta à l’école secondaire une prospérité remarquable. On peut dire d’après les documents du temps, qu’elle devint l’égale des lycées impériaux. Aussi le rêve de M. Durand était-il de faire donner le nom de Collège à son établissement. Pendant tout l’empire, il demanda par des pétitions éloquentes ce titre de collège. En 1812, il fut à la veille de l’obtenir: sa pétition est apostillée très sérieusement par le baron de l’Empire, Préfet de l’Allier ; le Grand Maître de l’Université est à la veille d’accepter ; mais la retraite de Russie empêcha l’Empereur de sanctionner cette mesure. Bientôt, l’invasion, les malheurs de la France, eurent une répercussion sur l’école secondaire de Durand, qui se ferma en 1815. Le Collège ne se rouvrira qu’en 1842, à la suite de longues négociations entre la Ville et l’Etat.
Telle est, rapidement résumée, l’histoire du Collège au XVIIIe et au commencement du XIXe siècle. Il y a une histoire intéressante et anecdotique à faire sur sa vie publique pendant les premières années de la Révolution ; ce sera pour l’année prochaine. F.
Le Collège de Cusset en 1814
Note extraite de l’Annuaire du Département de l’Allier pour mil huit cent quatorze, édité par Place et Bujac et L. Desrosiers, libraires-imprimeurs à Moulins.
Cet établissement, dirigé par les soins de M. Durand, qui en est aussi le propriétaire, acquiert tous les jours un nouveau degré d’importance aux yeux des personnes qui savent juger des principes sur lesquels repose une éducation sage et solide.
Cette école n’a pas été indigne d’attirer les regards et la bienveillance des autorités supérieures de ce département.
Un personnage illustre, M. le comte Regnault, de Saint-Jean-d’Angely, ministre d’État, l’honore de sa protection spéciale.
Un autre personnage dont le nom est au-dessus de nos éloges, S. A. I. la mère de notre auguste Empereur, peut en être considérée comme la fondatrice, et veille avec bonté au soutien de son ouvrage.
Nous sommes trop flattés de ce témoignage puissant d’intérêt pour ne pas céder au désir d’en offrir la preuve. Voici ce que répondit, le 13 octobre 1813, Son Excellence le Grand-Maître à M. de Cazés, secrétaire des Commandements de Madame, à l’occasion d’une pétition de M. Durand, que S. A. I. daignait appuyer : « L’intérêt que S. A. I. veut bien mettre au succès de la demande de M. Durand est un titre trop honorable pour n’être pas pris dans la plus grande considération. »
Nous n’aurons point la prétention de vouloir suggérer ici on faveur de cette école, des réflexions qui naissent naturellement dans l’esprit de tout le monde. Ce bienfait signalé réclamait de nouveaux efforts, un nouveau zèle à propager une institution sagement organisée. Aussi, M. le Directeur-Propriétaire, qu’une expérience de vingt-quatre années a mis à même de connaître les hommes capables de le seconder, n’a-t-il rien négligé dans le choix de ses collaborateurs. Des professeurs avantageusement connus, dirigés par une méthode éclairée, offrent aux parents une garantie des succès assurés de leurs enfants. En un mot, le Collège de Cusset présente un système d’enseignement gradué et complété, d’après les statuts de l’enseignement impérial.
Mais il est surtout deux points essentiels, plus importants que tous les autres, qui ont appelé l’attentive sollicitude du Directeur : ce sont les mœurs et la religion, base de toute éducation. C’est sur les mœurs et la religion que reposent le bon emploi du temps et des talents. Il n’y a que celui qui sert Dieu qui sert véritablement les hommes. En conséquence, des explications religieuses claires et simples, à la portée de l’âge le plus tendre, seront faites fréquemment avec une exactitude scrupuleuse.
Respectables pères de famille, tendres mères, reposez-vous sur notre vigilance et notre attention ! Nous ne cesserons jamais de rappeler vos fils, ce dépôt précieux confié à nos soins, aux seuls principes qui peuvent les rendre capable de vous honorer un jour ainsi que leur patrie !
Objets d’enseignement. — Langues française, latine et grecque ; les belles-lettres, les mathématiques, l'histoire, la géographie, l’écriture, le dessin; et à la volonté des parents, la musique, la danse, l’escrime, etc.
La surveillance, pendant les études et les récréations s’exerce très soigneusement.
Conditions de la pension. — Le prix de la pension est de 450 francs par année scolaire, pour les élèves au-dessous de 15 ans ; et de 500 francs pour les élèves au-dessus de âge. La pension se paie d’avance et par trimestre. Plus 30 francs à la rentrée, pour blanchissage et autres dépenses. On reçoit aussi des demi-pensionnaires à 24 francs par mois. Les arts d’agrément exigent une rétribution à part. Quand (sic) au trousseau les parents doivent fournir tout ce qui est nécessaire ; à cet effet, on s’entendra avec le Directeur.
L’établissement est dans une situation riante; on y respire un air pur et salutaire ; de grandes cours et de vastes jardins offrent aux élèves des lieux agréables et très propres aux récréations.
On prie les parents d’affranchir les lettres et les paquets.
UNE PÉTITION du 27 Novembre 1789
En 1789
A Messieurs les Officiers municipaux et Membres du Comité de la Ville de Cusset,
Supplient
humblement les habitans et artisans de cette Ville,
Et ont
l’honneur de vous remontrer que le Collège de la Ville de Cusset a
toujours été composé de deux maîtres : l’un pour le latin et le second pour
l’écriture et l’arithemétique.
L’usage de ces deux maîtres est aussi
ancien que l’existance du Collège.
Cependant, depuis environ quelque tems, c’est-à-dire depuis la retraite du sieur Simonin,
le Collège n’est tenu
que par des maîtres de latin.
Sans doute que les personnes aisées y trouvent un avantage, parce qu’elles sont à même de faire des dépenses pour
leurs enfans, que nécessite l’étude du latin. Mais les artisans, et les personnes mal-aisées sont privées de l’avantage précieux de faire apprendre à lire et à écrire à leurs enfans.
La classe des artisans est la plus nombreuse de celle de Cusset, leurs enfans sont conséquemment en plus grand
nombre, et on ne peut disconvenir qu’elle est une des plus utiles ; elle mérite
donc la protection des Officiers chargés de veiller aux intérêts communs. Elle
vient aujourd’hui réclamer à leur justice un maître d’écriture pour
l’instruction de ses enfans.
En demandant un maître d’écriture, les suppliants ne prétendent pas qu’on le préfère à celui du latin ; mais comme on a toujours eu l’un et l’autre, ils réclament l’ancien usage, et ils sont
d’autant mieux fondés dans cette réclamation que les revenus du Collège ont augmenté de plus du tiers. Ils ont donc lieu d’espérer que vous accueillerez favorablement leur demande.
A ce qu’il vous plaise, Messieurs, ordonner qu’incessamment le Principal du Collège sera tenu, conformément aux usages, à se pourvoir d’un maître d'écriture et d’arithemétique pour l’éducation
de la majeure partie des enfans de cette Ville, dont les honoraires lui seront payés ainsi que vous le réglerez; lequel maître d’écriture ne pourra exiger, par
chaque enfant, plus de dix sous chaque mois, et vous ferez bien.
SIGNÉ
: Goutay, curé de Cusset; Claustre; Devaux, menuisier; Mianet ; Morand ; Villard ; Guichon ; Vielliard ; Mallat ; Gilbert Goutte ; Ogehdias fils ; David ; Pouserat ; Beraud ; Vitry ; Randoinc, ; Labry fils; Soalhat; Guichon aîné; Diot; Labri; Guérin; Cavy; Poplut ; Dulignier ; Fouet ; Leblanc ; Bertucat ; Fonbone; Jean Labarière; Chevalier; Jean ouhaliat; Rousseau; Foucaud ; Nebout ; Lagarenne ; Hervier ; Bernard ; Hervier fils ; Combe, tréteur ; Duffau ; Granet.
Une Distribution des prix au Collège de Cusset
En 1805
M. le professeur Filippi a bien voulu me communiquer une sorte de palmarès qui a pour titre : « Discours prononcé le 26 fructidor an XIII, à l’ouverture des exercices littéraires de l’École secondaire de la ville Cusset sous la direction de M. J.-B. Durand, expert écrivain ; suivi du compliment d’ouverture et du remerciement, d’une chanson pour distribution des prix, de la description d’une tempête, par un élève de l'Ecole, et de la liste des élèves qui ont été couronnés à la distribution solennelle des prix. »
J’ai pensé qu’il serait intéressant pour nos Annales de publier une analyse des 21 pages de cette brochure et de rappeler aussi les noms de nos vieux camarades, ces ancêtres, ceux qui, il y a cent ans, étaient internes ou externes dans les bâtiments de ce vieux Collège de Cusset qui se trouvaient alors sur l’emplacement actuel de la maison Boyer, non loin de cette rue de l’Ancien- Collège qui conduit de la rue Barbate au cours Tracy.
Tout le monde sait que les Collèges communaux de
garçons s’appelaient,
sous le premier Empire « Écoles
secondaires communales pour les éléments des langues anciennes
et les premiers principes de l’histoire et des sciences.
» C’est ainsi, du reste, que les
définit le décret du 17 mars 1808 qui organisa l’Université de France.
Donc, M. Leyrit, professeur
de belles-lettres à l’École secondaire de la ville de Cusset, prononça le 23
fructidor an XIII ou, si mieux l’on aime, le 14 septembre 1805, à l’ouverture
des
exercices littéraires
qui précédaient la distribution des prix, un long discours «
sur les
diverses branches de l’instruction publique et nationale, et sur la puissante
influence des sciences et des arts dans l’esprit et la législation des peuples
».
« Messieurs, disait-il dans son exorde, il est arrivé ce jour solennel, marqué pour la fin des travaux
littéraires de l’année, où, sous la protection puissante de l’auguste mère de Sa Majesté l’Empereur et Roi, Madame Bonaparte, qui favorise cette école, nous
allons ouvrir et commencer la fête des arts libéraux, où chaque élève va porter à son juge, je veux dire au public éclairé, le tribut de ses succès, de ses
efforts, fruit pénible des veilles de ses instituteurs.
» Il est flatteur, sans
doute, pour ces enfants d’Apollon, des muses et des arts, qu’une rivalité
généreuse enflamme, qu’une noble émulation électrise, d'étaler en présence de
leurs parens (sic),
d’hommes de goût et de lettres réunis dans cette salle, les trésors de leur
science naissante. S’ils vous donnent des fleurs, c’est vous promettre des
fruits. Tous, peut-être, n’ont pas fourni la carrière ; les uns touchent près du
but, d’autres l’atteignent, de plus heureux enfin le dépassent.
» Je vais, Messieurs, dans un tableau succinct et rapide, vous exposer les
divers objets d’instruction qui ont lieu dans cette école. Ne pouvant embrasser
dans un seul discours l’analise (sic)
d’un plan si vaste, je vous présenterai seulement les masses. »
Et ainsi, dans ce style
pompeux, M. Leyrit passe successivement en revue la langue latine, la langue
française, les mathématiques, l’histoire, la géographie, l'influence des
sciences et des arts sur les peuples et les lois, le dessin, l’écriture, la
musique, la danse, l’escrime, la religion et la législation.
« Mais en parlant de palme
et de récompense, ajoute- t-il dans sa péroraison, je vois tous ces jeunes gens
impatients de les conquérir, de les mériter. O aimable jeunesse ! je vous arrête
trop longtemps ! Votre cœur, qui palpite d’impatience, brûle d’offrir à vos
parens, à tous ces spectateurs, dont les yeux se fixent tendrement sur vous, le
fruit de vos études. Je sais que les fleurs des talens sont suivies de quelques
épines ; mais les muses, mais les arts, mais la philosophie feront un jour la
consolation et le charme de votre vie : vous semez au printemps pour cueillir
dans l’automne ; vous amassez des trésors à l’abri de l’envie, et qu’aucuns
revers ne pourra vous ravir.
» Prenez ces livres, titres
de vos travaux et de votre gloire: Justin, Cornelius Nepos, Salluste, Ovide,
Horace, Virgile ; ouvrez-les et montrez que vous savez les interpréter, que le
génie de ces grands hommes a parlé à votre esprit et à votre cœur, que votre
imagination en est remplie ; et voyez les applaudissements couronner vos succès,
vos pères vous sourire, vous encourager ; entendez le public s’écrier : Que
d’espérances sont renfermées dans cette génération ! Tous les genres de gloire
s’ouvrent pour cette jeunesse studieuse. Que d’hommes éclairés se forment pour
tous les états ! Quelle masse de lumières et de talents divers ils vont porter
et répandre dans toutes les classes de la Société ! ils en seront les flambeaux
l’ornement et l’admiration. »
Et alors les élèves
ouvraient qui, Justin, qui, Cornelius Nepos, celui-ci Horace, cet autre Virgile,
et à son tour expliquait, devant l’assistance, ces auteurs latins ou lisaient
des compositions françaises en prose ou en vers, que le public applaudissait de
son mieux.
Puis M. le directeur Durand,
expert-écrivain, débitait en alexandrins un compliment d’ouverture pour la
distribution des prix ; les élèves chantaient ensuite, sur l’air du
Chant du
Départ, deux
strophes de M. Leyrit, on donnait enfin lecture de la «
Liste des
élèves qui ont été couronnés à la
Distribution solennelle
des prix le
27 fructidor, an
XIII, sous la présidence des
membres du Bureau d’administration
de l’Ecole
secondaire de la Ville de Cusset et
des autorités
constituées de la dite Ville.
»
C’étaient: Georges Servet,
puîné de Châteldon ; Baptiste Bouquet, d’Ambierle (Loire) ; Michel Neuville, du
Mayet-d’École ; Antoine Basset, de Salers, qui obtînt le prix de narration ; il
avait, pour sujet, la narration d’une tempête ; il l’a faite en vers français.
Cette pièce de poésie a été jugée digne des honneurs de l’impression ».
C’étaient encore : Pierre Servet de Châteldon ; Jean-Baptiste Ducoin, de
Lapalisse ; Jean-Baptiste Mativet, de Cusset ; Auguste Ragon, de Cusset ; Élie
Barnichon, de Cusset ; Antoine Duclerroir, de Servilly ; Nicolas Brunel, de
Cusset ; Antoine Olivier, de Cusset ; Louis Guyot-Gerdet, de Cusset ;
Hilaire-Gilbert Bouquet, d’Ambierle ; Jean-Philippe Duchemin, d’Aigueperse ;
Antoine Grandjean, de Saint-Didier ; Gaspard Givois, de Cusset ; Emanuel
Grandjean, de Billy ; Antoine Desbrest-Cossange, de Cusset ; Jean Raucher, de
Lapalisse ; Louis-Dominique Bellin, de Lapalisse ; Auguste Vital-Ragon de Cusset
; Antoine Delesvaux, de Vendat ; Emmanuel Chacot, de Saint-Germain ; Claude
Fillion, d’Ambierle ; Jean-Baptiste Dacher, d’Escurolles ; Pierre Randoin, de
Cusset; Claude David, de Cusset; Claude Montagnon, de Cusset; Claude Bourasset
jeune, de Cusset ; Antoine Faussier, d’Ébreuil ; François Maguet, de Lapalisse ;
Michel Duchemin, d’Aigueperse ; Diogène Diot, de Cusset ; Jean-Baptiste Faure,
de Lapalisse ; Laurent Bourasset, de Cusset ; François Martinet, de Lachapelle ;
Louis Guyot-Lafond, de Saint-Pierre-Laval ; Antoine Challeton, de Brugheas, et
Pierre Givois, de Vesse
COLLÈGE COMMUNAL 1835
En 1835
L’an passé, j’écrivais, à cette même place de nos Annales dans un article intitulé : Un «lustre » au Collège de Cusset, les lignes suivantes: « Au reste, quoique la maison n’eut pas encore le titre légal que l’ordonnance royale du 14 mai 1843 allait lui donner, la ville de Cusset n’en orna pas moins le fronton de sa porte monumentale (!) d’une plaque de marbre noir sur laquelle elle avait fait graver :
COLLEGE DE Cusset 1842. »
J’étais, alors, si sûr de moi, qu’il ne me vint même à l’esprit de vérifier mon affirmation et de m’assurer que mon souvenir ne me trompait pas. J’éprouvais, dans ce temps, et — chose curieuse — j’éprouve encore à l’heure actuelle, une sorte d’illusion de la vue qui me faisait repousser bien loin tout doute à l’égard de cette inscription. Je la voyais et je la vois encore avec ses belles lettres dorées, creusées dans le marbre, avec la forme bizarre du 4 de 1842 et le mot CUSSET dont le C était semblable à celui de Collège !
Un dimanche du mois de janvier dernier, j’allais à pied, de Beauregard aux Garets, en passant par Cusset. Au lieu de prendre la rue derrière les Murs pour atteindre, de la route de Vichy, au Pont de la Mère et au chemin de Puybesseau, j’arrivais à la Place par le nouveau boulevard de l’Hôtel-de-Ville. Puis je passais devant le Collège et, instinctivement, je m’arrêtais en face sa vieille porte au-dessus de laquelle je lus, comme je l’avais fait tant de fois : Collège Communal 1835.
Je n’en pus revenir ! Je me frottais les yeux plusieurs fois et je regardais plus attentivement, ne pouvant croire que mon souvenir, assez fidèle généralement, m’avait trompé à ce point-là.
Et, cependant, il en était bien ainsi. Mon «Collège de Cusset 1842» qui m’obsédait encore et dont je ne pouvais, malgré de violents efforts, me débarasser tout à fait, n’était qu’un « Collège Communal 1835 ».
Dès que je n’eus plus sous les yeux ce que je venais de lire dans la minute précédente, je vis et je vois toujours ce que j’ai écrit en 1907 et cela à tel point que cette illusion visuelle me ferait encore affirmer, si je n’y prenais garde, que la vieille boîte où l’on vend de la soupe, comme au temps où j’y étais interne, a toujours pour enseigne : « Collège de Cusset 1842 ».
Mais, puisqu’il n’en est pas ainsi, il me faut rectifier mon affirmation inconsciente de l’année dernière : Au-dessus de la porte monumentale (!) dont je parle il y a bien une plaque en marbre noir, sur laquelle est gravée, en creux, non pas l’inscription « Collège de Cusset 1842 », mais «Collège Communal 1835 ».
Lorsqu’en 183o, M. Annet-Marie Arloing fut nommé Maire de Cusset, il n’y avait, depuis longtemps, plus de Collège dans cette ville. Seul, le père Collange, y dirigeait, au bas de la Place, dans la maison Mianet qui, avec sa tour, a été démolie pour le percement du boulevard de l’Hôtel-de-Ville, une école secondaire qu’il avait fondée vers 1820 et dans laquelle il enseignait presqu’exclusivement la langue latine. Cela paraissait à tous fort insuffisant pour un centre de l’importance du Cusset de cette époque, et malgré les services que l’institution Collange pouvait rendre, il fallait bien reconnaître «qu’elle n’était pas en rapport avec les besoins du pays. »
M. Arloing songea donc, dès le début de son administration à rétablir l’ancien Collège, « ce qui serait pour Cusset un grand honneur et un bien exceptionnel. » Aussi, le 1er septembre 1831, le Conseil municipal, sous la pression de son Président, décidait qu’il serait fait auprès de l’Administration supérieure, «toutes démarches pour obtenir ce rétablissement. » Le 29 avril 1833, il demandait l’autorisation d’aliéner diverses propriétés communales pour procurer à son budget des ressources qui lui permettraient, entr’autres choses, « d’établir un Collège Communal », et le 1er février 1834, ces ressources extraordinaires étant encore insuffisantes, il votait, pour réparer, suivant les plans de Roze-Beauvais, architecte, « le local affecté à 1’établissement d’un Collège », un emprunt de 15,000 francs au taux de 5 %. Mais les exigences de l’administration universitaire n’étaient pas encore satisfaites. Heureusement que celle-ci ne se lassant pas de demander, le Conseil municipal de Cusset ne se lassa pas, non plus, de lui accorder tout ce qu’elle exigeait. Le 20 octobre 1834 « il décidait que les bâtiments de l’ancienne cure, élevés sur les ruines de la Tour St-Jean seraient appropriés à la tenue du Collège » et « il s’engageait à faire toutes les réparations du local destiné à ce Collège; à garantir les traitements des professeurs qui y seront placés et en outre à pourvoir à toutes les autres dépenses qui en résulteraient. » Le 1er mai 1835, il répondait, aussi, aux trois questions suivantes : « 1° Quel est le montant de la dotation annuelle que la ville de Cusset est dans l’intention d’accorder au Collège? 2° A quelle somme le produit de la rétribution collégiale peut s’élever ? 3° Quels sont les besoins de l’enseignement dans la ville de Cusset et quel nombre de régents serait nécessaire ? »
Le 1er septembre 1835, le Conseil Royal de l’Instruction publique décidait, enfin, le rétablissement du Collège de Cusset et l’organisation complète de ce Collège aussitôt que les bâtiments prévus « auraient été appropriés à cette destination. »
La question de principe était donc résolue; il ne restait plus, alors, qu’à édifier et à meubler cet établissement si vivement désiré, et qu’on avait mis bien du temps, cependant, à faire éclore.
Le 2 octobre 1836, le Conseil municipal approuvait des modifications et des rectifications au projet de Roze-Beauvais, modifications et rectifications demandées par le Conseil des bâtiments civils ; « le 3 Mars 1838 une ordonnance royale donnait à la ville le moyen de mettre à exécution les travaux des bâtiments du Collège »; le Conseil municipal, qui avait été docile jusque là, se cabra, cependant, lorsqu’en mai, juin et juillet 1839, on voulut changer, malgré lui, l’alignement sur lequel il avait fait implanter les constructions de ce Collège.
Ces constructions furent achevées vers le milieu de l’année 1842. Et, alors, lorsqu’on voulut couronner l’édifice par l’apposition, sur sa façade, d’une date
de naissance, si l’on peut dire ainsi, on songea, naturellement, à celle de la séance du Conseil Royal de l’Instruction publique qui avait décidé le «
rétablissement du Collège de Cusset », à celle du 1er septembre 1835, et on fit sculpter, en creux, dans le marbre, au-dessus de la porte monumentale (!) de la maison :
Collège Communal i835.
Entrée (en 2014) | Hall avec fac similé de la plaque (en 2014) |
J’ai dit, aussi, l’an passé, dans le même article qui motive les rectifications et les explications ci-dessus, que tous les élèves qui figuraient sur la liste scolaire devaient être déjà là en 1842-1843 et que publiais, alors, par ordre alphabétique devait être à peu près complète, étant admis, bien entendu, qu’elle ne contenait aucun élève de français. Il me faut là, encore, non pas que je rectifie, mais que je précise un point seulement.
Mon vieil ami Antonin Challeton, de Brugheas, - l’homme que je vénère le plus au monde, depuis la mort de mon père —, était au Collège à la rentrée de 1842 et il en sortait aux grandes vacances de 1843. Il ne fut donc pas inscrit, par le principal Maury-Bonnelle sur le registre scolaire de l’année 1843-1844. Il était en 1837, avec son frère Félix, — dont j’écrirai la vie un jour -, chez le père Collange. En octobre 1842, lorsque l’abbé Bardiot ouvrit sa boîte communale, ils quittèrent l'un et l’autre, la maison Mianet pour rentrer, avec leur frère Victor, au nouveau Collège. Antonin, qui était l'ainé et qui, en 1843, avait déjà 16 ans — il était né en 1817 — resta chez lui à la rentrée du 16 octobre, alors que ses deux frères, Félix et Victor, et son cousin germain, Antoine Challeton, y continuèrent leurs études classiques pendant quelques années encore.
Ce n’est donc pas, comme je le disais, l’an passé, Louis Dupic qui est le doyen des six ancêtres qui vivent encore et que nous voudrions bien compter parmi les nôtres pour les honorer comme nous honorons 1’un d'eux, le professeur V. Cornil ; c’est à Antonin Challeton que revient ce titre qu’il porte gaillardement, du reste, et qu’il portera longtemps encore, j’en ai l’intime une conviction et le plus cordial désir.
A. Mallat.
Un « lustre » du Collège de Cusset
Annales 1907
Le registre des entrées et des sorties du Collège de Cusset ne commence qu’au 16 octobre 1843. Ce collège avait été, cependant, définitivement établi par une ordonnance royale du 14 mai 1843, « rendue sur le vu de la délibération du Conseil municipal de Cusset, du 9 février de la même année ».
Le 21 juin 1843, ce Conseil municipal votait les fonds nécessaires aux besoins de ce Collège communal de deuxième classe et, décidait que sur ces fonds, 1.000 fr. serviraient au traitement des maîtres et professeurs de l’établissement pendant le second semestre de 1843, et 2.500 francs à acheter du mobilier pour l’entretien dudit établissement et sa mise en activité. Il décidait, en outre, qu’à partir du 1er juillet 1843, le Collège serait mis en régie et qu’ainsi la commune percevrait par M. Pierre Dupoux, qui en était nommé Econome, le produit des rétributions scolaires et les bénéfices des pensionnaires.
Donc, le Collège communal de deuxième classe que la ville de Cusset, après de longues discussions et de nombreuses délibérations de ses élus, avait créé, existait, en droit, depuis le 14 mai 1843 et, en fait, depuis le 1er juillet 1843 seulement.
Et, cependant, dès le 1er octobre 1842, l’établissement fonctionnait. Il avait des pensionnaires, des demi-pensionnaires, des externes, un Directeur et quelques régents. Il n’était pas encore collège de deuxième classe mais il était une institution communale établie « dans les bâtiments de nouvelle construction dite du Collège » et créée par délibération du Conseil municipal du 22 mai 1842, approuvant un traité intervenu le 1er mai 1842, entre M. Annet-Marie Arloing, maire de Cusset et l’abbé Amable-François Bardiot, prêtre et chef d’institution demeurant à Neuville-sur-Saône, près Lyon. Celui-ci devenait le Directeur de cette institution et, s'engageait à y professer, avec un nombre de maîtres suffisants, les langues anciennes, les sciences, les mathématiques, les langues vivantes s’il y avait lieu, et à y donner, en outre l’enseignement primaire supérieur.
La municipalité de Cusset n’attendit pas, pour mettre l’abbé Bardiot en possession des locaux que lui assurait son contrat bilatéral du 1er mai 1842, les approbations préfectorale et ministérielle de la délibération relatant ce contrat. Le 1er septembre 1842, l’abbé Bardiot emménageait, s’installait le mieux qu’il pouvait et le 1er octobre suivant, il recevait, déjà, des pensionnaires, des demi-pensionnaires, des externes, et les cours commençaient le lendemain. Au reste, quoique la maison n’eût pas encore le titre légal que l’ordonnance royale du 14 mai 1843 allait lui donner, la ville de Cusset n’en orna pas moins le fronton de sa porte monumentale ( !) d’une plaque de marbre noir sur laquelle elle avait fait graver : Collège de Cusset, 1842.
Quelles furent, en octobre 1842, les premiers élèves qui inaugurèrent cette institution communale, ce pseudo-collège ? On ne sait rien de précis à ce propos, car on ne possède aucun renseignement officiel sur ces débuts fort nuageux. Si même on s’en tenait à la seule lecture des délibérations du Conseil municipal de Cusset, on pourrait, vraisemblablement, en conclure que le collège ne commença à fonctionner, en régie, que le 1er juillet 1843 et que Amable-François Bardiot n’eut pas l’honneur de présider aux premiers vagissements de ce nouveau-né, que notre région devait à la bonne administration et au dévouement sans bornes de M. Annet-Marie Arloing. Cependant dans ces délibérations, elles- mêmes, on peut lire, sous une rature assez significative, que le 21 juin 1843, le Collège de Cusset était déjà en plein exercice et, aussi, que le 6 août de la même année, le Conseil municipal décidait d’acheter à M. Bardiot, pour 3.000 francs, dont une partie était payable à terme, le mobilier garnissant le collège, mobilier qui lui appartenait. Il est bien certain que si pendant l’année scolaire 1842-1843, l’abbé Bardiot n’avait pas occupé le collège et n’y avait pas enseigné comme il devait le faire de par son contrat, il n’aurait pas laissé, dans cet établissement, pendant une année toute entière, pour 3.000 francs de mobilier inutile et absolument improductif.
Il fut, en effet, alors, tacitement convenu entre la ville et l’administration supérieure de l’Instruction publique, que, jusqu’à une prochaine décision gouvernementale réglant définitivement l’avenir du nouvel établissement scolaire que Cusset venait de créer, les choses iraient comme elles avaient été décidé par le traité du 1er mai 1842, c’est-à-dire, que l’abbé Bardiot jouirait, jusqu’à nouvel ordre, des avantages de ce traité et quitterait le collège lorsque celui-ci serait régulièrement constitué sous la direction d’un principal nommé par l’Etat lui-même, et non par l’édilité cussétoise.
Mon père fut un de ces premiers élèves qui répondirent, en octobre 1842 — il avait alors 12 ans — à l’appel pressant que l’abbé Bardiot avait adressé, à dix lieues à la ronde, à toutes les familles des environs. Il m’a souvent dit y avoir connu dès le début et sous le père Bardiot, lui-même, ses camarades Jourdain, Lacouture, Auguste Vicaire, Bulot, Monvoisin, Dupic, les trois Challeton, Mongond Eugène Givois, Frédéric Pouillien, Lodoïx Endurand et quelques autres dont les noms m’échappent en ce moment. Il m’a conté que l’étude était, alors, déjà, là où tous ceux de ma génération l’ont connue, là où elle est, je crois, encore aujourd’hui. L’abbé Bardiot surveillait, lui-même, cette étude — ses ressources ne lui permettant pas de s’offrir le pion qui aurait pu facilement le suppléer dans cette tâche — et lorsque ses élèves devenaient par trop bruyants, il les punissait suivant la coutume de cette époque, en les faisant mettre à genoux près de sa chaire et à la portée de sa main.
Le plus indiscipliné de cette première génération de collégiens était, parait-il, Amédé Lacouture. Un jour d’été qu’il subissait sa peine, presque journalière, le père Bardiot s’endormit assez profondément près de lui pour qu’il put, à la grande joie de tous les autres coudre la soutane du prêtre après le coussin de son fauteuil. L’étude terminée, l’abbé Bardiot, ne se doutant de rien, se leva pour conduire son petit peuple en récréation ; mais, horresco referens ! le coussin suivit son directorial fondement. Il essaya en vain de l’enlever, en tirant dessus, au risque de déchirer son vêtement ; les points d'aiguille résistèrent malgré tout et il dut, à la grande joie de ces espiègles, qui suivaient de près 1’aventure et s’en gaussaient, aller, honteux et confus, changer sa robe et passer sa mauvaise humeur dans ses appartements particuliers.
L’administration académique qui voyait d’un fort mauvais œil, la création, à Cusset, d’une institution communale, dont la direction lui échappait et qui voulait, à tout prix, amener le Conseil municipal à créer, conformément au décret impérial du 17 mars 1808, un collège sur lequel elle aurait tous les droits, suscita à la municipalité Arloing, «mille et une» difficultés. Elle donna, tout d’abord, comme raison de son refus d’approuver le traité Bardiot du 1er mai 1842, l’insuffisance des titres de cet abbé. Il n’était, en effet, que bachelier ès-sciences alors que les règlements de l’Université exigeaient que les chefs d’institutions du genre de celles de Cusset, soient, au moins, bachelier ès-lettres et bachelier ès-sciences. A ce coup droit, le Conseil municipal de Cusset répondit, le 12 octobre 1842, par l’approbation d’un nouveau traité, en tout semblable à celui du 1er mai 1842 traité intervenu entre M. Arloing et M. Pierre Vigouroux, Bachelier ès-lettres et licencié ès-sciences, demeurant à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Mais Pierre Vigouroux ne fut pas plus admis que Amable-François Bardiot ; du reste il ne se dérangea pas, ne quitta pas Clermont et laissa le prêtre continuer tranquillement, en attendant les événements, son métier de « marchand de soupe » et d’éducateur illicite.
Le 9 février 1843, le Conseil municipal de Cusset répondant, enfin, aux vues de l’Etat, décidait la transformation de son institution communale en Collège de 2e classe et, comme je l’ai dit plus haut, votait les fonds nécessaires à cette transformation.
Pendant les grandes vacances de 1843, le Ministre de l’Instruction publique nomma M. Maury-Bonnelle, principal du nouveau Collège de Cusset ; le père Bardiot en fut donc le principal intérimaire du 1er juillet 1843 à l’unique distribution des prix qu’il présida dans le milieu du mois d’août de cette même année.
Ce fut, ainsi, M. Maury-Bonnelle qui, le 16 octobre 1843, dressa sur le registre officiel des entrées et sorties du Collège, la première liste que nous possédions des élèves de ce temps-là.
M. Maury-Bonnelle ne resta qu’un an à Cusset. Dès son arrivée, un conflit s’éleva entre l’administration académique qui revendiquait pour son principal la régie complète de l’établissement et la ville de Cusset qui avait décidé de le régir elle-même.
Le 4 février 1844, le Conseil Municipal en était, déjà, à manifester son intention de supprimer tout simplement le Collège communal en annulant l'allocation budgétaire qui le faisait vivre ; il se plaignait, à cette date, de la disparition de deux classes, par manque d’élèves ; du manque d’instruction morale et religieuse ; du manque d’ordre et de discipline ; du manque de bien-être ; des mauvaises maladies qui régnaient dans l’établissement ; des mauvais traitements qu’on infligeait aux élèves, etc., etc. La situation s’aggrava encore, car, le 9 mai, ce même Conseil enregistrait des plaintes, excessivement graves, portées contre M. Maury-Bonnelle et la constatation que tous les élèves quittaient le Collège, quatorze étant partis aux vacances de Pâques et une trentaine n’étant restés que sur la promesse du changement du Principal. Voici, du reste, une lettre écrite, à ce propos, par les élèves du Collège et qui est fort curieuse. Je la reproduis textuellement :
Collège de Cusset, 26 février 1844.
Monsieur le Maire,
C’est avec peine que nous prenons la liberté de vous écrire, mais nous sommes vraiment traités comme des esclaves, nous sommes obligés de souffrir les
caprices du Principal, on nous punit injustement, on nous mène brutalement ; nous ne voulons plus souffrir cela, Monsieur. Si cette inquisition dure, nous
vous déclarons que nous ne pouvons plus rester sous cette direction.
Nous sommes, Monsieur, avec un profond respect, vos très obéissants et très dévoués élèves.
P. S. — Monsieur nous ne signons pas parce que nous craignons que le Principal exerce sa vengeance sur nous ; mais vous connaîtrez notre signature à notre dévouement.
Tout s’arrangea bientôt. La Municipalité et les élèves du Collège prirent, enfin, patience quand ils surent, officieusement et d’une façon sûre, que leurs justes revendications, en ce qui concernait M. Maury-Bonnelle recevraient, aux grandes vacances prochaines, la solution qu’ils désiraient. En effet, au commencement d’août 1844, M. Nadaud, officier de l’Université et Principal du Collège de Guéret, était nommé Principal du Collège de Cusset en remplacement de M. Maury-Bonnelle appelé à une autre fonction.
Ce M. Nadaud, qui semblait cependant très flatté de sa nouvelle situation, ne vint pas prendre possession de son poste. Le maire Arloing, qui s’intéressait tout particulièrement, sur les recommandations du professeur Saphary, à M. Antoine Faget, régent au Collège de Saint-Jean-d’Angély, put obtenir, avec l’appui de hautes personnalités, la nomination de ce dernier comme Principal du Collège de Cusset, au lieu et place de M . Nadaud qui resta à Guéret. Ce fut donc ce principal Faget, dont notre camarade Victor Cornil évoquait, si éloquemment, le souvenir à notre banquet de 1905, qui, le 15 octobre 1844, inscrivit, lui-même, sur le registre ad hoc les entrées des élèves et le domicile de leurs parents.
Le nombre de ces élèves était, je m’empresse de le dire, beaucoup plus considérable que celui qui figure officiellement sur le registre de ces entrées. Il y avait, à cette époque-là, une distinction bien marquée entre les élèves qui faisaient du latin et du grec et ceux qui ne faisaient que du français. Ces derniers n’étaient pas inscrits sur le même registre que les premiers et les listes de ces élèves de français ont complètement disparu ou à peu près. Le vieux registre jaune qui, d’alors, nous est parvenu, contient, en effet, des indications, comme les suivantes, qui ne laissent aucun doute sur cette dualité d’espèces de collégiens : Passé au français.— Fils de régent n’est pas porté : d'ailleurs c’est bien plutôt un élève de français. — Il doit figurer sur le registre des élèves de français. — Sort de la classe de français, etc., etc.
J’ai relevé, sur le seul registre d’entrée que nous ayons encore, les noms des élèves du Collège de Cusset inscrits pendant les années scolaires 1843-1844, 1844-1845, 1845-1846 et 1846-1847. Avec l’année 1842-1843 cela représente ce que j’appelle le premier lustre de notre vieille maison universitaire. Je pense que tous ceux qui figurent sur la liste de 1843-1844 devaient être déjà là en 1842-1843, et que celle que je publie ci-dessous, par ordre alphabétique, doit bien être à peu près complète, étant admis, bien entendu, qu’elle ne contient aucun élève de français. La voici telle que j’ai pu l’établir avec les rares documents que j’ai eu en mains :
Bargheon Frédéric, de Mariol ; Barras Auguste, de Billy ; Barras Louis, de Cusset ; Basset Camille, de Cusset ; Bernard François, de Creuzier-le-Vieux ; Besson Ernest, de Cusset ; Boutai Louis, de Cusset ; Brousse Augustin, d’Effiat ; Brousse Léon, d’Effiat ; Brureau Hippolyte, de Vesse ; Bulot Alfred, de Vichy ; Bussière Alfred, de Cusset ; Cliacot Henri, du Mayet de-Montagne ; Challeton Antoine, de Brugheas ; Challeton Félix, de Brugheas ; Challeton Victor, de Brugheas ; Chavanon Alfred, de Cusset; Chemeil Auguste, de Brugheas ; Chemeil Félix, de Brugheas ; Corni1 Antoine, de Cusset ; Cornil Victor, de Cusset ; Décoret Alexandre, de Lapalisse ; Delorme Jean, de Cusset ; Devaux Etienne, de Cusset; Doret Eugène, de Cusset ; Dousson Claude, de Montoldre ; Driffort Jean-Baptiste, du Mayet-de-Mon tagne ; Dubois Harold, de Cusset ; Dupic Louis, de Cusset ; Dupoux Marcel, de Cusset; Dussaray Charles, de Cusset ; Endurand Lodoïx, de Cusset ; Gémois Claude, de Cusset ; Gimet Louis, de Busset ; Givois Eugène, de Vesse; Givois Léon, de Magnet ; Joubert Edmond, de Cusset ; Jourdain Emile, de Cusset ; Lacouture Amédé, de Cusset : Lebrun Léon, de Seuillet ; Léger Théodose, de Cusset ; Louveau Ernest, de Cusset ; Mallat Alexandre, de Randan ; Mallat Gaspard, de Randan ; Marnier Léon, de Créchy ; Marsal Arthur, de Cusset ; Masset Edouard, de Cusset; Merle Eugène, de Saint-Didier ; Mongond Louis, de Cusset ; Monvoisin Alfred, de Cusset; Nony Auguste, de Cusset; Nony Louis, de Cusset; Pacaud Francisque, de Vichy ; Perrault Eugène, de Cusset ; Perrault Francisque, de Cusset ; Pouillien Frédéric, de Vesse; Poulain Hippolyte, de Chavroche ; Préneut Jean-Pierre, de Cusset; Rambert Pierre, de Vichy; Ramin Chéri, de Vichy; de Revenger Emmanuel, de Cusset ; Tabardin Alphonse, de Lapalisse ; Torterat Prosper, de Cusset ; Turlin Alphonse, du Mayet-de-Montagne ; Vicaire Auguste, de Cusset; Villard Auguste, de Cusset et Villard-Simonide, de Cusset.
Cinq, seulement, de ces soixante-sept ancêtres vivent encore : ce sont, leur doyen d’abord, mon vieil ami Louis Dupic, qui habite toujours Cusset, où il est né en 1832, je crois ; puis M. Nony Auguste, propriétaire, à Crépin ; le professeur Victor Cornil, qui est président d’honneur de l’Association Amicale des Anciens Elèves du Collège de Cusset ; son cousin, M. Boutal Louis, juge au Tribunal civil de Moulins, et le colonel en retraite de Revenger, qui, après une carrière militaire des plus glorieuses, vit paisiblement à Paris.
A ceux-ci, j’adresse mes meilleurs souhaits de bonne santé et de longévité ; aux disparus le souvenir respectueux d’un presque jeune qui, 25 ans après eux, a gravé son nom, à côté des leurs, sur les vieilles tables en bois de la salle d’étude et dont le fils, à son tour, a fait toute son instruction classique à ce même collège, où l’avaient précédé à soixante ans de distance, ses deux grands- pères : Gabriel Ramin et Gaspard Mallat.
A. Mallat
Extrait de ‘L’Avenir de Vichy’, histoire locale, où il est question de notre Collège.
Les élections pour le second renouvellement quinquennal des conseils municipaux étaient proches et, à Vichy, on se préparait, déjà, dans les deux camps, à la grande bataille qu'on voulait se livrer lorsque, quelques jours seulement avant les scrutins, se posa, en Europe, la grosse question internationale de la candidature d’un Hohenzollern au trône d'Espagne.
Le feu était aux poudres; tout sang-froid allait bientôt disparaître pour faire place à un vent de folie qui sembla entourbillonner tout le monde dans notre beau pays de France.
Hélas ! ce ne fut, en effet, pas long : le 2 juillet 1870,on apprenait, à Paris, que les Cortès Constituantes, devant les refus successifs du duc de Gênes et du roi Louis de Portugal, venaient d’offrir la couronne espagnole à Léopold de Hohenzollern Sigmaringen ; le 13, Bismarck maquillait la fameuse dépêche d’Ems, l’expédiait, après sa retouche, à toutes les chancelleries et la communiquait à la presse : le 15, le Corps législatif votait les crédits pour la guerre « qu’on offrait à la France » et, le 17, cette guerre était officiellement déclarée à la Prusse.
Alors, Vichy, en pleine saison, en pleine récolte, se vida, comme par enchantement, aux cris de : « Vive l’Empereur ! A Berlin ! A Berlin ! » et aux accents de la Marseillaise, redevenue, tout à coup, le chant national.
Alors, on ne doute pas, en France, du succès de nos armes ; il va suffire à nos troupes de se montrer sur les bords du Rhin pour faire fuir le Teuton qu’on ridiculise maintenant on le chansonnant ou en le caricaturant. Le maréchal Le Bœuf n’a-t-il pas affirmé qu’il ne nous manquait pas un seul bouton de guêtre et, le ministre Ollivier n’a-t-il pas accepté, d'un cœur léger, la lourde responsabilité du conflit qui éclatait.
A Berlin ! A Berlin ! Vive l’Empereur ! Vive l’Impératrice ! Vive le Prince impérial !
Je les entends encore ces cris enthousiastes poussés par une foule en délire, qui demande, à Accursi, à la fin de chaque concert du jour, la Marseillaise et le Chant du Départ. A Berlin ! crie-t-on, en les acclamant, aux soldats de la réserve qui sont rappelés sous les drapeaux et qui, en corps, tambours battant, vont prendre le train pour se rendre à la frontière.
A Berlin ! A Berlin ! tout le monde, ici, pendant cette fin de juillet « tressaille d’espérance »; il n’est pas jusqu’à nous autres, élèves du Collège de Cusset, qui nous organisons en Compagnie franche ! pour nous préparer « à entrer dans la carrière », et qui défilons, les jeudis et les dimanches, sur la route de Barantan, aux sons cadencés de deux tambours et sous la surveillance débonnaire d’un excellent homme, qui ne nous quittait jamais, ni jour ni nuit, M. Baudoin de Chamoult.
Le 2 août 1870, a lieu la première rencontre des troupes françaises avec l’ennemi. On claironne partout, ici, la victoire de Sarrebruck : le prince impérial a reçu le baptême du feu. Plus que jamais, on crie : « A Berlin ! » et « Vive l’Empereur ! »
Mais, hélas ! il va falloir en rabattre.
Le 4 août, c’est Wissembourg et l’entrée des Prussiens en Alsace; le 6, c’est Frœschwiller et Forbach; le 14, c’est Borny ; le 16, Gravelotte ; le 18, Saint-Privat.
On ne songe plus à aller à Berlin ; on ne crie plus : « Vive l’Empereur » ; les larmes et la honte remplacent la joie et l’orgueil des premiers jours ; on sent qu’il y a maintenant, pour tous, un devoir à remplir; qu’il faut défendre la Patrie en danger ; qu’il faut s’organiser, se sacrifier; on entrevoit la République à bref délai ; on en parle publiquement dans les rues et au café ; au Collège, nous ne jouons plus aux soldats, mais nous offrons nos prix de 1871 pour l’organisation des ambulances ; Vichy, enfin, s’apprête à devenir le vaste hôpital qui recevra, jusqu’à la fin de la guerre, les blessés que l’on peut évacuer loin des champs de bataille et qui seront, ici, soignés avec un soin et un dévouement auxquels tout le monde rend hommage.
Tel était l’état de la France et des esprits en France pendant le mois d’août 1870, alors que les élections municipales étaient fixées aux 6 et 7 août pour le premier tour de scrutin et aux 13 et 14 août pour le second tour.
L'histoire de la Plaque Commémorative
Quand la Stèle est financée par le Rouge à Lèvres « ROUGE BAISER » !
Pendant la Guerre de 1939-1945 un
Homme s’est présenté à l’Association des Anciens Elèves du Collège de Cusset :
« Je voudrais bien faire un Monument aux Morts, il
y en a tellement, il faudrait un
Monument qu’on mettrait dans le Collège, peut-être. »
Le Président d’alors lui a répondu : « C’est
très bien,
mais ça coûte assez cher, la plaque, les dorures de lettres, … »
« Faites tout ce vous voulez, faites votre Monument,
je le financerai »
Cet homme était merveilleux :
C’était M. BAUDECROUX, …. Le créateur du Rouge à lèvres « ROUGE BAISER ».
M. BAUDECROUX était connu car il circulait toujours avec son vélo, un vélo comme les porteurs de journaux, avec une petite roue devant, toujours avec de petites
lunettes …
Le monument assez grand a pu accueillir les morts de 1940-45.
Un jour quelqu’un est venu dire : il y a une croix, pas très grande (15 cm),
mais une croix, en relief ; la guerre est finie ; il faudra revoir cette croix.
Alors on a fait enlever la croix, mais la croix, elle était
incrustée
dans le marbre, et une fois qu’elle a été enlevée en relief, elle est apparue en creux, finalement on a mis une palme dessus et vous regarderez ça, on voit
toujours la croix : elle est en creux, avec la palme dessus.
Nous avons eu aussi des observations sur ce Monument aux Morts ; des gens à qui ça ne plaisait pas : ils trouvaient qu’ils étaient mal classés (ils ont été mis
par ordre alphabétique). On a quand même retrouvé ceux de la Guerre de 14, mais l’Indochine, l’Algérie plus complexe (on en a retrouvé très récemment)… et tous
les résistants morts sous la torture, …
Il y aurait également ceux qui ont été déporté et ceux qui sont morts sous les bombardements lorsqu’ils étaient en STO ? (au moins 1 en STO en Autriche). Mais
pas morts du fait de guerre.
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Les élèves originaires de la Montagne Bourbonnaise ....
J'ai déjà donné plus haut une liste d'élèves (avant 1830) avec leur village ou
hameau d'origine ; aux environs de 1900 on trouve :
BONNET Louis du Vernet, FONLUPT Henri de Vichy, BOURDERY Charles de
Saint-Germain-des-Fossés, COURTINAT Joseph de LAPRUGNE, LAMBERT Pierre de
Cusset, THIERY Joseph de Cusset, DESCHAMPS Maurice de Saint-Germain-des-Fossés,
GAMET Léon de Charmeil, MOREL Frédéric de Cusset, SINTUREL Eugène de Cusset,
MASBOEUF Francisque de Ceuzier-le-Neuf, SANCELME Eugène de Jenzat, DUPUY Edouard
de Moulins, BERGERON Jean-Baptiste de Cusset, CHAMPAGNAT Félix de Cusset,
VINCENT Antonin de Saint-Yorre, MALJEAN Léon de Vichy, BOUCHET Adrien de Cusset,
BARTHELAT Louis de Cusset, GONDAT Julien de Cusset,
On reconnait notre 'vieux bahut'
La cour avec ses platanes, les bâtiments, l'église, la Taverne Louis XI, ... les anciens fossés (Cours Lafayette, Cours Tracy, Cours Arloing) ...
Statuts
Eugène LIBELLE (Surveillant Général, nommé en 1917) et CHAMAYOU (Professeur de Philosophie)
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Président : M. Jean-François CAPDEBOSCQ-BERNADET(jean-francois.capdeboscq (at) wanadoo.fr)
Trésorière : Mme Odette PATEILLE
Secrétariat : M. Jean-Louis MALDANT (jeanlouis.maldant (at) club-internet.fr)
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